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Des parcours de lecture dans les Fleurs du Mal

marlenepineau

Synthèse sur les Fleurs du Mal

La recherche d’une forme pour dire l’indicible :

1. Deux antithèses

  • « Correspondances » (IV), Spleen et idéal, les Fleurs du Mal :

« Vaste comme la nuit et comme la clarté », nuit/clarté est une antithèse

Le poème est un dialogue entre l’homme et la nature. Selon Baudelaire, la nature détient le pouvoir de transporter l’esprit et les sens de l’homme.

Ce vers décrit la confusion de l’Homme par rapport à la nature, il y a une prédominance de la Nature sur l’homme, la nature envoie des signes que l’homme ne comprend pas.

  • « L’albatros » (II), Les Fleurs du Mal :

« Lui naguère si beau, qu’il est comique et laid »

L’antithèse emploie les termes contradictoires « beau » et « laid ». Baudelaire souligne le contraste de l’albatros (image du poète)

La maladresse de l’albatros est accentuée par des effets d’insistance avec les adjectifs péjoratifs pour qualifier les albatros au sol (maladroit, honteux, laid…). Le jugement est accentué grâce à l’adverbe « piteusement » et les assonance en « eu » (honteux, piteusement, veule)

2. Des champs lexicaux opposés

  • « Chant d’automne » (LVI), Les Fleurs du Mal :

Champ lexical de la mort :

-Les adverbes de temps qui expriment le temps qui passe et la mort qui approche (Bientôt, déjà, hier)

-La sensation tactile du froid qui exprime une forte angoisse (froides, frissons, polaire, glacé, frémissant)

-les sensations auditives qui sont régulières et exprime le caractère inéluctable du temps (entends, chocs, retentissant, écoute, écho, sourd, coups, choc, bruit, sonne)

-Les termes funèbres qui témoignent du morbide, des signaux de mort et de condamnation (ténèbres, funèbres, succombe, bélier, cercueil)

  • « Elévation » (III), Spleen et idéal, les Fleurs du Mal :

L'élévation se caractérise par le champ lexical de l'au-delà, de l'élévation (vertical) :

« Au-dessus » « par-delà » (x3), « montagne », « sphères étoilées ». On distingue un mouvement vers le haut, le poète s'évade par élévation. On distingue un second champ lexical, celui de s'envoler (« envole-toi », « essor », « planer », « te purifier dans l’air supérieur », « vers les cieux »). L'auteur semble vouloir rechercher un sentiment de liberté, de paix et de bonheur en s'évadant de la terre. Formellement, cette idée est renforcée par un rythme ternaire, qui illustre une élévation progressive et certaine.

3. Deux oxymores.

  • « l’invitation au voyage » (XLIX), Spleen et idéal, les Fleurs du Mal :

« Les soleils mouillés » « De ces ciels brouillés » : L’oxymore traduit l’impression donnée par le brouillard sur le soleil. La chaleur normalement véhiculée est atténuée par le flou qui le rend « mouillé ».

Les mots « mouillés » et « brouillés » créent un effet d'assonance.

  • « Correspondances » (IV), Spleen et idéal, les Fleurs du Mal :

« La Nature est un temple où de vivants piliers » : Cet alexandrin est composé d’un oxymore (« vivants piliers ») qui exprime l’identité de la Nature (avec un N majuscule) dotée d’une vie.

Il y a une idée de personnification de la « Nature », ainsi qu’une personnification des « piliers ».

4. Poèmes dont la composition repose sur une antithèse

  • « La muse malade » : deux quatrains = portrait morbide de la muse ; deux tercets : songe idéal du poète

  • « Le mauvais moine » deux quatrains = la religion des temps anciens ; deux tercets : le triste sort du poète comparé à un moine sans foi

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Sublimer la réalité, la boue du monde : le poète, ses paysages et ses personnages

1 a) images valorisantes de la femme

b) images évoquant la femme de façon ambiguë

2 images exotiques et/ou maritimes

3 images rappelant des tableaux, des peintures

4 évocations de parfums ou de sons harmonieux

5 évocations de décors, d’intérieurs précieux et raffinés

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Le poète, ses obsessions, ses questions

1 - Deux images exprimant la mélancolie, le spleen et/ou un sentiment d’angoisse

- « De Profundis Clamavi » (section Spleen et Idéal ) :

Charles Baudelaire exprime dans ce poème de la profonde mélancolie et même du désespoir : « Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé. »(v2) et aussi « cette immense nuit semblable au vieux Chaos » (v11). Les groupes nominaux «gouffre obscur» et «immense nuit» sont des métaphores de la tristesse, du malheur. Le mot « Chaos » avec sa majuscule (personnification) montre à quel point d’esprit du poète est confus.

- « Spleen » (Quand le ciel bas… )(section Spleen et Idéal) :

Comme son nom l’indique, ce poème décrit le spleen qui envahit le poète. On y retrouve à chaque vers des allusions à une puissante tristesse, de l’angoisse : « Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, / Défilent lentement dans mon âme ; L’Espoir / Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, / Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.» (v17-20). Le corbillard est une évocation de la mort. L’absence de musique est en lien avec l’absence de joie. L’espoir (qui est vaincu) et l’angoisse sont personnifiés (majuscule) ce qui renforce leur place dans le poème.

2 - Deux images évoquant le passage du temps et/ou la mort

- « La mort des pauvres » (section La Mort) :

Dans ce poème, Baudelaire use de nombreuses comparaisons, métaphores pour qualifier la mort : « comme un élixir, nous monte et nous enivre, » (v3) ou bien « C’est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques / Le sommeil et le don des rêves extatiques, » (v9-10). Avec la majuscule à « Ange », la mort est personnifiée ce qui renforce sont importance. Ainsi, il donne une vision plutôt positive de la mort.

- « L ‘Horloge » (section Spleen et Idéal ) :

Ici, l’auteur évoque le passage du temps à travers un objet qui lui est toujours associé, une horloge : «Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible » (v1). Il s’agit là d’un rythme ternaire qui accentue la négativité du temps.De plus l’auteur compare celui-ci à un dieu afin de montrer sont importance, sa puissance.

3 – Quatre citations justifiant la condamnation du recueil et la censure en 1857 avec cette indication : « Le livre de Monsieur Baudelaire est une offense à la morale religieuse, à la morale publique et aux bonnes mœurs . »

- « Les litanies de Satan » (section Révolte) :

« O TOI, le plus savant et le plus beau des Anges / […] / O Satan, prends pitié de ma longue misère !» (v1 et 3) Baudelaire adresse ici une prière à Satan avec le mot « Ô ».L’anaphore « le plus » fait ressortir les beaux aspects de Satan. Par cet acte il commet une offense à la morale religieuse, d’autant plus qu’il place Satan (initialement roi des Enfers) au dessus de Dieu, l’être suprême et symbole de perfection absolue dans la religion chrétienne.

-«Femmes Damnées»*Delphine et Hippolyte(section Fleurs du Mal)

Ce poème fut censuré car il évoque l’amour lesbien, un sujet encore fortement tabou dans la littérature du 19ème siècle : « Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie/ Delphine la couvait avec des yeux ardents » (v13-14). Ici, « Delphine », une femme est face à une autre femme « la couvait ». L’adjectif ardent associé aux yeux admet la relation amoureuse qu’entretiennent les deux femmes. Ainsi, Baudelaire affirme son soutien aux couples de femmes, il ajoute en plus des termes érotiques : « Je veux m’anéantir dans ta gorge profonde/ et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! » (v83)

- « Les bijoux » (section Spleen et Idéal) :

Le poète décrit une femme, de manière sensuelle, érotique, ce qui lui coûte la censure en 1857 : « et sa cuisse et ses reins / Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne / Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins / et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne » (v17-20). Les rythmes binaires «et sa cuisse et ses reins » « et son ventre et ses seins », ainsi que les comparaisons « comme de l’huile » « comme un cygne » donnent un rythme particulier, dansant à la description. Enfin l’allitération en S renforce la sensualité des vers : « et sa cuisse et ses reins [...] Passaient [...] mes yeux [...]sereins [...] son ventre et ses seins, ces ».

- « à une mendiante Rousse » (section Spleen et Idéal) :

Charles Baudelaire met ici en scène une mendiante prostituée : « Que des nœuds mal attachés / Dévoilent pour nos péchés / Tes deux beaux seins, radieux » (v21-24). Les adjectifs mélioratifs « beaux » et « radieux » associés aux seins accentue l’aspect charnel et joli de la description de la femme. Aussi c’est le mot « carrefour » (v48) qui renvoie à l’univers de la rue et de la prostitution. Ce poème évoque donc la luxure, ce qui justifiera la condamnation du recueil.

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Dissertations sur les Fleurs du Mal

  • En quoi le titre du recueil est-il particulièrement adapté à son contenu ?

I. Les fleurs : la nature, référence symboliste, mythologique ou divine

A Une nature généreuse et sensible

B Une nature puissante et supérieure

C Un lieu de contact avec l’idéal, la divinité

II Le mal

A Un dieu cruel contre lequel le poète se révolte et s’exprime par la satire mordante

B Une hantise, une obsession de la mort : le spleen

C Des moyens scandaleux pour échapper à la condition douloureuse : les paradis artificiels.

Un autre plan possible

I. Les fleurs :

A Les femmes, l'amour

B L'esprit qui s'épanouit : la correspondance verticale

C Les plaisirs des sens : l'odorat privilégié

II Le mal

A L'ambivalence de la femme, fleur du mal (débauche, prostitution, parallèle avec Pâques à New York "Et les femmes, derrière, sont comme des fleurs de sang,/D’étranges mauvaises fleurs flétries, des orchidées"

B L'esprit malmené par le spleen et la hantise de la mort : le spleen

C Des moyens scandaleux pour échapper à la condition douloureuse : les sens excités par les paradis artificiels

Un troisième plan possible

la poésie : Art du langage agissant par le rythme ( vers ou prose), l’harmonie et l’image. Le vers, la rime, le rythme en poésie.

Baudelaire poète moderne car il rompt les poésie traditionnelles, annonce le symbolisme.

Baudelaire maîtrise les formes fixes ( sonnets, rimes riches, sonorités, alexandrins, la musicalité des vers en enjambement), pour en tirer des effets nouveaux

I Le titre :

a) l’ancien titre ( origine )

- deux titres provocateurs( avant d’arriver au titre Les Fleurs du Mal « Les Lesbiennes »1845, » Les Limbes «1848) qui ont fait l’objet d’un procès ( il aura fallu 10 ans pour que le recueil soit reconnu comme un chef-d’oeuvre)

-Censuré car outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs

-Contexte difficile de cette époque : second empire sous régime autoritaire de Napoléon III = pouvoir absol, maître censeur ( autres auteurs touchés par la censure même époque : Victor Hugo, Gustave Flaubert,…).

Presse= rôle principal car source de la dénonciation de Baudelaire. Incompréhension de son oeuvre par le public de son époque.

- 6 poèmes censurés : « Les bijoux »; « Femmes damnées » et « Lesbos »( référence aux femmes homosexuelles (= lesbiennes) ; « Les métamorphoses du vampire » ; « Le Léthé » ;…

-Il aura fallut siècles pour enlever la condamnation du recueil-> car succès général

b) le titre( maintenant Les Fleurs du Mal) :

-oxymore entre = fleurs et mal

-son sens : la beauté que l’on extrait du mal . fleurs ne suggère pas seulement la beauté, il y a l’idée de notion d’élaboration, de recherche, de culture

mal signifie le péché mais aussi la souffrance

thème= mêle le beau et le sordide, la sensualité et le mal

Image contradictoire, ex : dans « Une charogne » section spleen et idéal, la décomposition du corps est sublimé, ou dans « le vampire » section spleen et idéal, les métamorphoses du vampire transforme la beauté ( de la femme ) en laideur, « hymne à la beauté » rappel l’idée du beau qui peut-être maléfique, « albatros » qui fait le parallèle entre le poète et un oiseau renvoie l’idée d’un être qui souffre de la solitude et qui est exclus dans un monde insensible à la beauté.

À cela titre du recueil significatif de = extraire la beauté du mal.

Exemple : les orchidées sont à la fois belles et mortelles/ mauvaises

c) L’alchimie :

Dans un projet d’épilogue pour les fleurs du mal, nous retrouvons cette expression « tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or » qui est notamment en accord avec le titre du recueil puisqu’elle suggère une transformation du mal en fleur

Baudelaire compare sa poésie à de l'alchimie

Il y a : - l’alchimie du temps qu’il transforme en éternité. Dans « l’ennemi » Baudelaire définit le temps comme destructeur ( vers « ô douleur ! Ô douleur ! Le temps mange la vie…) mais ce temps qui emporte tout est transformé en éternité par l’écriture poétique.

Sens de l’idéal

Dans « harmonie du soir » idéal que le poète parvient à atteindre où le chaos du temps est transcendé par une harmonieuse éternité.

Inspiration artistique ( tableau, musique…) L’art pour échapper à l'ici-bas.

Par le travail poétique il parvient à comprendre le sens des choses ( ex : « élévation » montre que la puissance de l’esprit permet de mieux comprendre « le langage des fleurs et des choses muettes » ; dans « correspondances » il décode les signes cachés de la nature pour en comprendre le sens.

-l’alchimie de la société dont il sublime la laideur dans sa section « tableaux parisiens » Baudelaire donne à la ville une noblesse et une dignité poétique qu’elle n’avait pas auparavant

Il valorise ceux qui sont généralement exclus de l’espace poétique ( ex : vieillard, aveugle « la servante au grand coeur »(dans « l’amour du mensonge »),…

Il sublime la ville et les petits gens par son écriture poétique

-l'alchimie du spleen = spleen/la mélancolie transformé en inspiration poétique

Dans « Spleen LXXVIII » section spleen et idéal ( « quand le ciel bas et lourd ») la mélancolie

emporte le poète dans « l’alchimie de la douleur » (= processus transformation inversé : « je change l’or en fer » = l’échec du poète.

Mais Baudelaire lutte contre le spleen par l’inspiration poétique.

II Thèmes majeurs du recueil

6 sections : - spleen et idéal = mal être, angoisse qui s’oppose à l’idéal ( idéal =monde invisible fait de douceur et de volupté, le reflet d’un monde idéal, un monde d’ordre et de beauté ( représenté par de multiples visages : l’enfance et l’ailleurs exotique(« correspondances »), le voyage («parfum exotique »), les femmes ( chevelure ou élévation,…), l’ivresse( « le poison »)

Tableaux parisiens = sentiment de solitude et rapprochement avec l’autre dans la grande ville = échec

-Le vin = les paradis artificiels auquel l’auteur se tourne ( comme l’alcool et les drogues) ex : le vin du solitaire,…)

-Fleurs du mal = qui décrit la débauche qui mène au dégoût de soi

-Révolte = exalte Satan mais nous montre que pactiser avec le diable est inutile

-la mort= dépeint son aspiration à mourir. Mort présentée comme ultime remède ( « recueillement » ou « la mort des amants »)

Chacune de ses sections renvoie à une antithèse : dans le mal on cherche le bien .

Conclusion : les fleurs du mal, un art poétique

alchimie poétique des correspondances verticales

à partir de la laideur , créer du beau, la sublimer par la poésie

Baudelaire transforme l’invisible en sens.

  • Le titre Les Fleurs du mal exprime-t-il une contradiction gênante ou une vision poétique de la réalité ?

I. La contradiction gênante

A. La critique de la religion catholique B. La contradiction des sentiments

C. La mort, un lieu idéal

II. Une vision poétique

A. L'éloge de la femme idéale

B. La représentation d'un paysage idéal

C. "L'art pour l'art" : recherche de musicalité, parallèle avec les autres arts (la peinture, la musique)

autre plan possible

I. Le poète en contradiction avec la réalité

A. Un être à part

B. Le poète maudit, malheureux parmi les hommes

C. Le poète symboliste, en quête d'un sens caché

II. Le poète peintre du monde réel

A. Evocation authentique de l'angoisse

B. L'évocation réaliste de Paris et des petites gens.

III. Un art alchimique

A. Transformer la boue en or

B. Les correspondances horizontales : les synesthésies.

C Les correspondances verticales grâce aux paradis artificiels

un troisième plan possible

I. La contradiction gênante

A l'amour pour échapper au mal

B La rêverie pour échapper à la réalité

C La mort qui soulage de la souffrance

II Une vision poétique de la réalité

A La beauté des villes

B le mal que rencontre le poète

C La boue et l'or

  • En quoi le recueil Les fleurs du mal peut-il être lu encore en XXIème siècle ?

I. Le lyrisme intemporel : expression musicale et imagée de sentiments intimes

A La musicalité des Fleurs du Mal

formes fixes (sonnets alexandrins, octosyllabes) Baudelaire mis en musique et en chanson

B Une sensibilité très intime : le spleen

C Un univers imaginaire : le voyage exotique, la mer

II. Une vision d'une réalité proche de la nôtre

A.Le regard plein de compassion à l'égard de la misère humaine

"crépuscule du matin" " crépuscule du soir"

contexte de la révolution industrielle

B. Une relation de proximité avec le lecteur

Le poème Au lecteur permet à la fois de faire une critique de ce qui constitue l'âme de l'être humain, quel qu'il soit, mais vise surtout à faire prendre conscience au lecteur de ce qu'il y a au fond de lui. Baudelaire ne fait pas l'apologie du mal, ni la critique de son lecteur, mais de l'humanité tout entière, en commençant par lui-même. D'abord, c'est l'Ennui qui pousse au vice, ensuite, le lecteur est son semblable, son frère ; il n'est pas question pour lui de critiquer son lecteur mais de lui faire prendre conscience de l'animalité et des vices qui unissent l'humanité toute entière.

C La poésie comme quête intemporelle d'un idéal, d'une beauté absolue

La quête d'une beauté idéale par les correspondances horizontales : synesthésies

et verticales. Poème "correspondances"

  • Baudelaire a écrit : "Celui qui n'est pas capable de tout peindre[...] tout ce qu'il y a de plus doux et tout ce qu'il y a de plus horrible[...], celui-là n'est vraiment pas poète dans l'immense étendue du mot. » Pensez vous que la poésie puisse tout dire sans choisir ni exclure, que toute chose puisse devenir l'objet d'un poème ?

I Le poète s'exprime en respectant un cadre, des conventions.

A. des sujets nobles et convenus :

la poésie amoureuse, la poésie élégiaque, la poésie satirique

B. des formes fixes : le sonnet

II. Mais Baudelaire s'affranchit également des règles et des conventions classiques

A Un regard sur le monde ordinaire, trivial

B L'attrait de la laideur

C Le goût de la provocation et de la transgression morale

III Le poète, un être capable de tirer la beauté de toute chose A Une place singulière dans le monde : un interprète, un alchimiste qui transforme la boue en or, qui guide de la réalité vers un monde idéal : correspondance verticale

B le poète invente des moyens pour capter la beauté : les correspondances horizontales, les synesthésies

Du grec poeïen (fabriquer, produire), poésie=> art du langage « fabriqué »

Le langage poétique s’oppose au langage quotidien : plus personnel, plus complet. Fait appel à un effort de compréhension, à l’imagination, à l’utilisation de nombreuses métaphores qu’il faut décoder, à de nombreux synonymes. Métaphores, images qui nous renvoient à des sensations, des odeurs, des parfums, par un jeu de correspondances habiles.

C La poésie remet en cause la syntaxe traditionnelle.

Le poète joue sur la musicalité, varie les sonorités avec les assonances, les allitérations.

Rapport entre la poésie et la musique : rythmes, assonances, allitérations, harmonies imitatives…

=> le sens des mots n'est pas le seul important ; ce qui compte autant, c'est que, comme les notes de musique, les mots soient l’écriture d’une partition mélodieuse.

Conclusion

Baudelaire est devenu, malgré la censure, un des plus grands poètes français. On peut s'interroger sur les relations entre les tabous (qui demeurent quelle que soit l'époque) et l'expression poétique :la poésie reste en effet un lieu à la marge où on se confronte aux conventions , qu'elles soient morales ou littéraires. Roubaud en fait l'expérience en choisissant d'exprimer la douleur du deuil dans un poème extrêmement dénudé et prosaïque "dès que je me lève" tiré du recueil Quelque chose noir


  • La poésie doit-elle nécessairement embellir le monde réel ?

I. La poésie agit sur le monde réel et le transforme positivement

A. l’éloge de la beauté chez la femme, dans des paysages rêvés : l’amplification, l’hyperbole

-XII,La vie antérieur, Spleen et Idéal (p31)

« grand piliers, droit et majestueux » terme mélioratif, Hyperbole

B. l’alchimie, transformer la boue en or, la laideur en beauté : oxymore et antithèse "détourner le sens commun du langage"

-XXVII, Une Charogne, Spleen et Idéal (p60)

« et le ciel regardait la carcasse superbe » oxymore

C. un des moyens du poète pour embellir la réalité : le recours aux paradis artificiels

-XCVI, Le vin du Solitaire, Le vin (p191)« tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,

les baumes pénétrant ta panse féconde » métaphore,panse désigne l’intérieur de la bouteille .

Le vin parce qu’il modifie sa vision du monde et rend le poète « semblable aux dieux » l’emporte sur toutes les autres sources de plaisir.

II. Mais la poésie possède d’autres fonctions qui ne nécessitent pas d’embellir la réalité

A. Exprimer le regret, la mélancolie, la crainte de la mort et la fuite du temps, l’angoisse de vivre.La tonalité élégiaque, le spleen

-LIX, Spleen, spleen et idéal (p115)« Le bourdon se lamente, et la bûche enfumée

Accompagne en fausset la pendule enrhumée »

-LXXVIII, La destruction, Fleurs du mal (p148)

« il me conduit ainsi loin du regard de Dieu, haletant et brisé de fatigue,au millieu des plaines de l’Ennui, profondes et désertes » Lieu mort, éloignement de Dieu, enlaidit la réalité

B. Baudelaire évoque parfois la réalité de façon précise et concrète soir par respect pour le monde tel qu’il est, soit pour dénoncer un état de la société , notamment la misère et la pauvreté et l’évoquer alors en contraste avec les paysages rêvés qui figurent pour lui « l’Idéal »

poème « Paysage », premier poème de la partie "Tableaux parisiens" description d’une vue des toits de Paris « Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,Et les grands ciels qui font rêver d'éternité. » « Rêve parisien » « En rouvrant mes yeux pleins de flamme/J'ai vu l'horreur de mon taudis,/ Et senti, rentrant dans mon âme,/ La pointe des soucis maudits ; »

C Une poésie détachée de la réalité et de la morale, qui crée, invente un monde à part, fait d’harmonie nouvelle. Par le jeu des correspondances horizontales et des effets synesthésiques. Cf sonnet « correspondances »

Autre plan voisin

I. La poésie offre une vision esthétique du monde, elle vient sublimer la réalité.

A- Utilisation du lyrisme en poésie, expression des sentiments amoureux

XX. LES BIJOUX, page 42 (section Spleen et Idéal)

vers11 : « A mon amour profond et doux comme la mer »

comparaison (comme) de son amour avec la mer, adjectifs mélioratifs qui qualifient le nom amour. Allitération en « m »

B- Musicalité, recherche d’une harmonie des sens (synesthésie, allitération, assonance, rime)

IV. CORRESPONDANCES, page 20 (section Spleen et Idéal)

vers 9 : « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants »

comparaison (comme) de parfums (odorat) avec des chairs d’enfant (goût), il y a une synesthésie qui vient mêler les différents sens que l’on peut associer à l’adjectif frais. Allitération en « f »

C- Moderniser la beauté : transformer par la poésie un sujet répugnant en le rendant beau

XXVII. UNE CHAROGNE, page 60 (section Spleen et Idéal)

vers 13/14 : « Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur, s’épanouir »

comparaison (comme) du cadavre avec une fleur qui s’épanouit, la carcasse est embellit par l’adjectif mélioratif « superbe »; oxymore avec l’opposition du nom carcasse et de l’adjectif superbe

II. La poésie peut aussi raconter le monde tel qu’il est, sans le poétiser.

D- Volonté de décrire en disant la vérité, sans idéaliser la réalité (honnêteté)

II. L’ALBATROS, page 209 (section Spleen et Idéal)

vers 10 : « Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid »

rythme ternaire des deux adjectifs comique et laid qui crée une opposition avec l’adjectif beau, dont le sens est renforcé par l’adverbe d’intensité « si », ce qui accentue encore plus l’opposition

E- Le spleen, expression des sentiments de tristesse, de deuil…

LI. CAUSERIE, page 103 (section Spleen et Idéal)

vers 9 : « Mon coeur est un palais flétri par la cohue »

métaphore du coeur du poète avec « un palais flétri par la cohue »

F- Choix de sujets qui créent le scandale, le dégoût, la gêne (prostitution, paradis artificiels)

LXXXI. FEMMES DAMNÉES, page 157 (section Fleurs du Mal)

vers 3/4 : « [Hippolyte rêvait aux caresses puissantes] [Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.] »

Baudelaire utilise des adjectifs pour donner plus d’importance aux noms « caresses » et « candeur ».

  • Baudelaire a écrit que "le ton le plus poétique de tous " est "le ton mélancolique" pensez-vous que les plus belles réussites poétiques sont liées à l'expression du sentiment de la douleur ou de la tristesse ?

La poésie est un genre littéraire très ancien qui prend généralement la forme de vers, et met en scène des mots à travers différents jeux de rythmes et sonorités. Le terme « poésie » découle du mot « Poïeïn » qui renvoie à l’invention, la création. Ainsi le poète crée des œuvres qui abordent souvent des grands thèmes, comme l’amour ou le chagrin que l’on nomme « topoi » (pluriel de "topos"). Baudelaire, figure de la poésie du XIXème siècle, affirme que « le ton le plus poétique de tous » est « le ton mélancolique ». Dans quelle mesure peut-on faire un lien entre l’expression des sentiments douloureux, et la gloire d’un poème ? L’évocation de sentiments comme le chagrin ou la souffrance entraîne souvent la réussite d’une œuvre poétique, néanmoins ce n’est pas l’unique élément qui justifie le retentissement de celle-ci.

I- Les plus belles réussites poétiques sont liées à l’expression du sentiment de la douleur ou de la tristesse

a. Ce sont des sentiments universels, partagés par tous les êtres humains, ils se transmettent donc plus facilement.

« Réversibilité » (section Spleen et Idéal) « connaissez-vous l’angoisse / La honte, les remords, les sanglots, les ennuis / Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits » (v2-3)

Il s’agit d’une énumération de plusieurs sentiments négatifs que tous les humains ont déjà ressenti.

b. Des sentiments comme le chagrin, le désespoir sont les plus puissants, forts ; ainsi le lecteur est facilement touché par une œuvre qui les évoque.

« Spleen » (Quand le ciel bas… )(section Spleen et Idéal) « Et de longs corbillards, sans tambours ni musique / Défilent lentement dans mon âme ; L’Espoir / Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique / Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.» (v17-20)

*Ici le mot corbillard, qui symbolise la mort est associé aux pensées de Baudelaire. Les sentiments d’espoir et d’angoisse paraissent presque vivants grâce à leur personnification (ils portent une majuscule). Cela affirme la puissance du ressenti de l’auteur.

c. Baudelaire transmet des sentiments qu’il ressent pleinement, il n’invente rien et est complètement honnête avec le lecteur. Celui ci, perçoit cette franchise qui a tendance à fortement l’émouvoir et parfois le pousse même à l’empathie envers le poète.

« De Profundis Clamavi » (section Spleen et Idéal) « J’implore ta pité, Toi, l’unique que j’aime / Du fond du gouffre où mon cœur est tombé »(v1-2) *l’utilisation du pronom personnel JE et de l’adjectif possessif MON montre l’implication du poète.

II – Néanmoins les succès dans la poésie ne se résument pas à l’évocation de la souffrance et du chagrin

a. Des poèmes abordant des émotions comme l’amour ou le bonheur sont tout autant susceptibles de rencontrer un fort retentissement auprès des lecteurs. L’Homme dans sa vie connaîtra des périodes de passion, joie donc il saura apprécier des œuvres qui les exhibent.

« L’invitation au voyage »(section Spleen et Idéal) « Là tout n’est qu’ordre et beauté / Luxe, calme et volupté » (v13-14).

*Le rythme binaire « ordre et beauté » ainsi que le rythme ternaire « luxe, calme et volupté » nous offrent des vers qui s’éloignent de la négativité habituelle de Baudelaire.

b. Une belle réussite poétique peut également mettre en avant des sujets qui s’éloignent de l’évocation d’un quelconque sentiment.

« Paysage » (section Tableaux parisiens) « Je verrai l’atelier qui chante et qui bavarde / Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité » (v6-7)

* Baudelaire présente ici une description d’un paysage. Les mots «atelier », « tuyaux » « clochers » « mâts » et « cité » ne renvoient pas du tout à des sentiments, mais le poète utilise un rythme binaire et des rimes pour rendre cette description poétique.

c. Enfin, la beauté est bien entendu subjective. Un poème magnifique pour certains, ne sera pas perçu de la même manière par d’autres. Chacun a sa propre vision de la beauté.

« La charogne » (section Spleen et Idéal) « la carcasse superbe […] La puanteur était si forte » (v13-15)

*Le poète a fait le choix d’écrire sur une charogne, on peut donc s’interroger sur la beauté ou non de ce poème. Les deux mots « carcasse » et « puanteur » appartiennent aux thèmes de la mort, de la répugnance ils paraissent étrangers au monde poétique. Mais « carcasse » est pourtant associé à l’adjectif mélioratif « superbe ».

Les Fleurs du Mal regorgent de mélancolie, de malheur et de souffrance. Les sentiments négatifs sont l’essence même de cette œuvre. Elle a rencontré un succès restreint en raison du scandale lors de sa parution et fait encore parler d’elle de nos jours. La réussite de cet ouvrage est sans aucun doute liée aux thèmes universels, puissants et tragiques qui y sont abordés. Néanmoins, la beauté d’une œuvre poétique ne s’explique pas toujours par l’expression de douleur et de tristesse. En effet, la poésie est très libre. Elle peut exprimer toutes sortes d’émotions, de sujets et n’aura pas nécessairement les mêmes effets sur tous les Hommes. On peut poser le même problème pour d’autres genres littéraires comme le récit. Les romans racontent tous une histoire différente qui aborde des thèmes et sentiments variés. Cependant, on remarque que les œuvres qui font le plus l’unanimité auprès des humains mentionnent très souvent l’amour, sous toutes ses formes. Ainsi l’amour que nous ressentons et partageons tous, devient notre point commun et permet aux œuvres qui l’évoquent de toucher un public conséquent.

un autre plan possible

I. Les réussites poétiques liées à l'expression de la douleur et de la tristesse

A.La douleur amène le poète à se dépasser

B.Le poète est plus sensible que les autres

C. Le poète transforme la douleur en source de beauté.

II. La quête d'un Idéal (autre cheminement poétique que la douleur)

A. Incarnation de l'Idéal dans l'amour

B. Un envol vers l'Idéal : correspondances verticales

C. "L'art pour l'art" : recherche de musicalité, parallèle avec les autres arts (la peinture, la musique)

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